Le MLC frappe à la porte du FCC

A la surprise générale, le MLC Jacques Lungwana a été élu rapporteur adjoint du bureau de l’Assemblée nationale. Ce proche de JP Bemba a été porté à ce poste grâce au vote massif du FCC de Joseph Kabila. Dans la ville, la principale spéculation est que c’était le signe précurseur d’un rapprochement entre le MLC et le FCC. Il est dit de Bemba qu’il ne se plairait plus dans l’opposition, après avoir refusé de s’ouvrir à Félix Tshisekedi. Au finish, le leader du MLC a préféré s’allier au FCC de Joseph Kabila. Des négociations seraient très avancées avant la finalisation du deal.

Où serait donc passé le Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba Gombo ? Dans différents cercles politiques, on se pose bien des questions à ce sujet.

Président sortant de la plateforme Lamuka, Jean-Pierre Bemba est passé presqu’inaperçu, avant de confier le siège tournant à Adolphe Muzito. Une indifférence qui a suscité des commentaires de tous genres. Membre à part entière – en tout cas jusqu’à preuve du contraire – de Lamuka, Jean-Pierre Bemba est resté aphone depuis un temps. Sa présidence tournante de la principale plateforme de l’opposition est passée comme une météorite, avant qu’Adolphe Muzito n’en récupère le flambeau depuis le 1er décembre 2019.

Condamné en dernière instance par la Cour pénale internationale (CPI) pour subornation des témoins, Bemba sait que son avenir politique est compromis. Avec un casier judiciaire souillé, il ne pourra donc plus prétendre à un mandat électif. Par conséquent, il prépare sa mutation pour maintenir la flamme de son parti, le MLC, sur la scène politique congolaise. Il a dès lors le choix entre continuer à emboucher le discours de l’opposition ou se réformer en adoptant une autre posture. C’est la réflexion qui est en cours au sein du MLC. Il ne faut pas oublier que le chairman du MLC venait de procéder il y a quelques jours à un léger réaménagement de la direction politique, tout en maintenant cependant Mme Eve Bazaïba au poste de secrétaire général.

Quelque chose se prépare dans le MLC ? Dans quel sens ? Difficile à dire pour l’instant. Mais, il y a entre-temps des signes qui ne trompent pas. Pour s’en rendre compte, il faut faire un tour à l’Assemblée nationale où le MLC Jacques Lungwana a été élu rapporteur du bureau de la Chambre basse du Parlement. Ce n’est pas le fait du hasard. Loin de là ! C’est le chant de cygne qui annonce de grands bouleversements sur la scène politique congolaise.

On sait d’ores et déjà que, pour accéder à ce poste, Jacques Lungwana a bénéficié d’un soutien indéfectible des députés nationaux du FCC. Est-ce à dire qu’un mot d’ordre était passé par là ? L’hypothèse n’est pas exclue. Les faits et gestes de part et d’autre commencent à la confirmer.

Autrement dit, entre le MLC et le FCC, il y a déjà un rapprochement qui ne dit pas encore son nom.

On se rappelle aussi cette présence remarquée d’Eve Bazaïba à Paris (France) dans la délégation qui a accompagné Jeanine Mabunda, présidente de l’Assemblée nationale. Au-delà d’une affaire de femmes, c’est la politique qui a une fois de plus motivé le déplacement du n°2 du MLC.

On sait dire, sans risque de se tromper, que le MLC veut changer de fusil d’épaule. Entre le CACH de Félix Tshisekedi, le MLC a opté pour le moindre mal qui n’est autre que le FCC de Joseph Kabila. Des sources généralement bien informées confirment que les négociations sont très avancées entre les deux parties. Des indiscrétions rapportent que, pendant la retraite du FCC à Kisantu, dans le Kongo Central, des délégués de Jean-Pierre Bemba ont furtivement fait le déplacement de Mbuela Lodge où se réunissaient les bonzes de cette plateforme.

Redistribution des cartes

Il faut s’attendre à une sérieuse redistribution des cartes dans la politique congolaise. A première vue, c’est l’opposition,  jusqu’à alors incarnée par la plateforme Lamuka, qui devra connaitre un profond séisme. Lamuka a déjà enregistré deux importants départs, à savoir celui de Freddy Matungulu et de Mbusa Nyamuisi. Pour l’instant, Lamuka s’efforce de maintenir son unité autour de Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Adolphe Muzito.

Entre-temps, Moïse Katumbi entretient depuis un temps un mystère autour de son avenir politique. En effet, le président d’Ensemble pour le changement nourrit sérieusement – et c’est un secret de polichinelle – le projet de créer un grand parti politique pour élargir ses chances en 2023. En son sein, la réflexion est très avancée, apprend-on.

Si jamais le MLC faisait défection – ce qui ne serait plus qu’une question de jours, on peut déjà prédire une désintégration de cette plateforme. Fayulu et Muzito prédisent déjà un tel scenario. Pour preuve, les deux leaders ne cachent plus leur proximité, s’éloignant davantage de Lamuka.

Quant au FCC, l’arrivée de MLC dans ses rangs serait un grand coup politique. Avec Bemba, le FCC peut donc renforcer son emprise dans le Grand Equateur.

Quoi qu’il en soit, le MLC a un pas entre Lamuka et le FCC. La suite ne tardera pas à se révéler au grand jour.

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