Abbé Donatien Nshole : « Pour nous, c’est Félix Tshisekedi qui est le répondant du Rassemblement »

L’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, estime que pour la médiation des négociations directes entre les signataires et les non signataires de l’accord du 18 octobre, Félix Tshisekedi est le répondant du Rassemblement.

Il a fait cette annonce dans une interview accordée à Radio Okapi, dans laquelle il annonce que les discussions directes entre l’opposition et la Majorité présidentielle sur les modalités d’application de l’accord du 31 décembre vont reprendre jeudi 16 mars au centre interdiocésain à Kinshasa.

Interview.

Radio Okapi: Monsieur l’abbé Donatien Nshole Bonjour. Est-ce  que la CENCO confirme la reprise des travaux en plénière pour les négociations politiques directes interrompues depuis très longtemps ?

Abbé Donatien Nshole:Effectivement, comme vous le savez, en même temps que la médiation avait des contacts avec les uns et les autres, qu’il y a avait aussi des rencontres parallèles entre les parties prenantes. On a évité de grandes plénières.
Pour des raisons de deuil, on voulait attendre les obsèques du président du Rassemblement décédé. Etant donné que l’évolution ne garantit pas ces obsèques dans les meilleurs délais, la médiation, compte tenue de l’urgence de la situation et de l’impatience de la population, convoque la plénière pour demain.

Radio Okapi:Vous n’attendez plus les obsèques du président de l’UDPS Etienne Tshisekedi. Vous commencez en attendant les obsèques ?

Abbé Donatien Nshole:Oui on commence, quand les choses seront claires pour les obsèques on verra. Mais on n’attend plus, on va commencer demain.

Radio Okapi: Quelles sont les points qui sont inscrits à l’ordre du jour de cette plénière ?

Abbé Donatien Nshole:Ça sera l’occasion de faire l’état des lieux, rappeler ce qui a été déjà adopté, ce qui est acquis dans l’arrangement particulier, ce qui est resté, écouter, recevoir les rapports de ce qui a été fait en informel et arrêter une stratégie pour qu’on conclut vite.

Radio Okapi:A quel niveau il y a eu blocage concernant les arrangements particuliers, quand les travaux ont été suspendus ?

Abbé Donatien Nshole:Le gros de ce qui reste c’est le mode de désignation du Premier ministre et à cela s’est ajouté le remplacement du président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) et nous pensons que dans un meilleur délai on peut boucler ça.

Radio Okapi:Nous avons appris de la part du Président de l’Assemblée nationale que les évêques membres de la CENCO avaient adhéré à la proposition faite par la Majorité présidentielle que le Rassemblement présente une liste de trois candidats au Chef de l’Etat pour nommer un premier ministre.

Abbé Donatien Nshole:C’était à titre indicatif dans un contexte bien précis où les uns tenaient à une personne et les autres avaient commencé par une liste de sept, cinq… il y a effectivement un évêque qui a dit comment ça se fait à l’église catholique autour de la nomination des évêques. On présente au Pape trois noms et il demandait s’ils [les acteurs politiques] ne pouvaient pas s’en inspirer. Mais ce n’est pas  quelque chose qui a été dictée.

La CENCO ne dicte pas. D’ailleurs dans le dernier message des évêques, ils étaient clairs là-dessus. C’est vraiment un débat dépassé : l’exigence d’un  nom, l’exigence de trois noms ne se justifie pas. On peut dépasser ça et trouver une entente entre les parties prenantes. La population n’est même pas  obligée de savoir combien, qui était dans la liste ou pas. L’essentiel est qu’on ait un Premier ministre que le Rassemblement reconnait d’avoir présenté.

Radio Okapi:Qu’en est-il de la désignation du président du Conseil national de suivi de l’accord ? Il semble qu’on attendait la restructuration du Rassemblement et cette restructuration a déjà été faite et la CENCO a reconnu l’élection de Pierre Lumbi et Félix Tshisekedi, respectivement comme président du Comité des sages du Rassemblement, ipso facto président du Conseil national de suivi de l’accord et l’autre, président du Rassemblement. Est-ce qu’à ce niveau-là, les choses sont déjà claires et qu’il n’y a plus des problèmes ?

Abbé Donatien Nshole:Ce qui est clair ce que pour nous, jusqu’à preuve du contraire, c’est Félix Tshisekedi qui est le répondant, l’interface, je dirai même qui est l’autorité morale du Rassemblement. C’est par lui que, nous devons recevoir le point de vue du Rassemblement.

Radio Okapi:Pour le Conseil national de suivi de l’accord, l’affaire est déjà bouclée ? Il y a un  président ?

Abbé Donatien Nshole:Je crois que là il sera simplement question de respecter les textes de l’accord. Je crois que ça ne devrait pas poser problème. On ne va pas réécrire l’accord. L’accord a déjà été signé, la médiation ne pourra qu’inviter les uns et les autres à respecter l’accord.

Radio Okapi:Jusqu’à quand les travaux seront clôturés définitivement ? Est-ce que la CENCO, n’est pas fatiguée ? Les travaux s’enlisent ?

Abbé Donatien Nshole:Si ça dépendait de la CENCO, comme il y a plénière demain, si les parties prenantes écoutaient la CENCO, on pouvait même boucler avant samedi. Ça reste vraiment très peu de choses. Le travail interne de l’Eglise est en train de souffrir à cause de cela.

Radio Okapi:Une autre question d’actualité, c’est le refus du Pape François de venir en RDC. Qu’est-ce qui explique ce refus ?

Abbé Donatien Nshole:Pour le peuple Congolais ce n’est certainement pas une bonne nouvelle parce que je parie que plus de ¾ si pas le 100% des Congolais souhaiteraient voir le Pape dans notre pays. Nous savons qui il est au niveau mondial, mais malheureusement pour les raisons qui sont les siennes, il a conditionné ce voyage. Il voulait être rassuré  qu’on est déjà dans le train de l’alternance. Tant que les choses ne sont pas encore claires à son niveau, nous considérons que ce n’est que partie remise.

Radio Okapi:Partout où le Pape est parti, il n’a pas conditionné ses visites pontificales. Il est arrivé en Centrafrique au moment fort de la crise, à Nairobi (Kenya) avec des attentats ?

Abbé Donatien Nshole:Vous savez que le Pape suit de très près la situation ici chez nous. C’est vrai qu’il est allé en République Centrafricaine dans un contexte qui n’était pas encourageant. S’il a pris cette décision, je crois qu’il sait pourquoi.

 

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