Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, réagit au rapport des évêques ayant dressé un tableau sombre de la situation sociopolitique de la République démocratique du Congo. Dans une interview accordée ce samedi 24 juin 2017, Lambert Mende dit que l’analyse de la CENCO est correcte. Il appelle, cependant, les évêques à désigner le dysfonctionnement au sein du Rassemblement de l’opposition comme source du mal qui ralentit la mise en œuvre de l’accord.
Que pensez-vous du dernier rapport des évêques ?
L’analyse n’est pas fausse. Il y a des problèmes, bien-sûr. Mais, dans les causes, nous considérons qu’il y a une réticence à nommer le mal. Donc ils ne désignent pas les causes exactes du ralentissement de la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016, qui tiennent pour nous au dysfonctionnement dans le Rassemblement de l’opposition. C’est comme s’il y a une complaisance vis-à-vis de l’opposition qu’ils évitent de nommer. Et on se demande pourquoi. Mais l’analyse est correcte. Il y a effectivement ralentissement dans la mise en œuvre de l’accord du fait du dysfonctionnement observé au sein de l’opposition où il y a des divisions. Mais ils n’osent pas appeler le Rassemblement à régler ce problème. Ils veulent généraliser la responsabilité et ça n’est pas très honnête.
La CENCO dit qu’une minorité de personnes a pris le pays en otage. Elle appelle la population à prendre son destin en mains. Qu’en pensez-vous ?
Vous savez, c’est une analyse et nous devons la respecter. Les gens peuvent estimer que ceux qui sont appelés aujourd’hui à respecter l’accord sont une minorité. D’autres estiment qu’ils sont représentatifs de la population, puisque généralement ce sont des groupes issus des élections de 2011. Mais quant à l’appel à se prendre en charge, je ne dirais pas que c’est un plagiat. Parce que M’zee Laurent Désiré Kabila a également lancé cet appel. Mais maintenant, se prendre en charge contre qui ? Ça, ils ne le disent pas non plus. Et là, on sent toujours la réticence à nommer le mal. Le mal auquel nous faisons face, c’est maintenant la prétention des anciens colonialistes à vouloir régenter à nouveau notre pays, 57 ans après notre indépendance. Et s’il faut que le peuple se prenne en charge, c’est contre les néocolonialistes. Et nous sommes étonnés que les évêques ne s’en prennent pas à ces gens-là. Au contraire, ils envoient un des leurs pour soutenir ces gens-là, à Genève. Mgr Fridolin Ambongo a été à Genève pour soutenir les néocolonialistes contre nous qui voulions que le Congo puisse retrouver son autodétermination. Ils lancent un appel contre ceux qui veulent balkaniser le Congo mais Mgr Ambongo est allé soutenir ceux qui veulent balkaniser le Congo, à Genève. C’est une contradiction qui nous gêne beaucoup, bien que l’analyse soit équilibrée.
La CENCO estime que la sortie de la crise exige les élections en 2017. Pensez-vous que c’est possible ?
Cette question, il faut la poser à la CENI. Ce n’est pas nous qui organisons les élections. Nous nous sommes tous convenus que les élections puissent se tenir en 2017. Nous l’avons demandé à celle qui organise les élections. Si ce n’est pas possible, la CENI viendra vers nous. Nous souhaitons que ça soit organisé en 2017 comme le dit l’accord. Donc, les évêques ont répété ce que nous avons déjà dit dans l’accord.