En toute Integralité: New York Times — Interview de l’Ancien Gouverneur Moise Katumbi par Nicholas Kristof NICHOLAS KRISTOF : Si vous nous suivez d’ici aux États-Unis, j’espère que vous avez passé un bon week-end. J’espère également que vous avez la chance de voir mon article sur l’ouragan Harvey et le changement climatique. Mais je veux parler aujourd’hui de quelque chose qui est vraiment important mais qui ne fait pas partie de notre conversation.
J’aimerais parler du Congo, l’un des pays les plus importants d’Afrique, l’un des plus riches. Mais il a été hanté par une tragédie depuis vingt ans. Le Comité international de Secours a déclaré que c’était l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale à cause des combats internes et je n’ai pas été en mesure de faire un reportage à ce sujet parce que le président Kabila me refuse le visa et il le refuse pour la plupart des journalistes. Mais la prochaine meilleure chose, j’ai invité ici le gouverneur Katumbi. Il était un gouverneur très populaire au Congo et il est candidat à la présidence. Le problème est que le président Kabila ne veut pas partir et ne veut pas organiser des élections. Et alors, le gouverneur Katumbi est en exil en ce moment.
NICHOLAS KRISTOF: Merci d’être venu.
GOUVERNEUR KATUMBI: Merci, merci beaucoup
NICHOLAS KRISTOF: Et je vous invite de poser des questions au gouverneur Katumbi au sujet du Congo … au sujet de la politique des États-Unis envers le Congo ou la région, sur la corruption … Mais laissez-moi commencer par la situation au Congo.
NICHOLAS KRISTOF: Le président Kabila continue à se cramponner alors qu’il devrait avoir quitté le pouvoir. Les élections ne se concrétisent pas. Oui, je crains que nous allions voir plus de violence dans un pays qui a trop vu déjà? Il y aura de protestation dans les rues par vos partisans et ils seront fauchés par de tir à l’arme à feu.
GOUVERNEUR KATUMBI: Oui, ce qui se passe au Congo, c’est qu’il y a une grande crise totale avec le Président Kabila. Parce qu’aujourd’hui tout est orchestre par le président Kabila pour qu’il n’y ait pas d’élections. C’est pourquoi nous avons décidé, le peuple du Congo, les églises, tout le monde, nous avons décidé que Kabila doit quitter le pouvoir, et laisser quelqu’un d’autres organiser la transition parce qu’il ne peut se convenir à rien et, il ne respecte pas sa parole.
J’ai vu une pomme dans votre bureau, qui est rouge pour le président Kabila, cette pomme est verte [c’est son opinion et non pas les faits qui compte]. Il ne pense qu’a un Congo en trouble (…) où il peut rester et piller le pays.
NICHOLAS KRISTOF: Et, n’est-ce pas un véritable danger avec beaucoup de violence? Avant qu’il y avait eu une protestation contre Kabila, il les a massacrés [pointa le doigt menaçant] et allons-nous vers beaucoup de cela?
GOUVERNEUR KATUMBI: Le massacre pour lui n’est vraiment rien. Ce qui se passe au Kasaï est organisé par le gouvernement, le président Kabila. Ce qu’il y a aujourd’hui à Pueto, c’est lui. Il crée également une instabilité avec nos voisins, neuf pays avoisinant le Congo. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin d’un président comme lui. IL DOIT QUITTER ! IL AURAIT DU RESPECTER LA CONSTITUTION ! Je sais qu’il va venir à l’ONU et prononcer son discours. Il va venir à mentir. Dès le début, il avait dit qu’il allait respecter la constitution, mais il ne l’a jamais respectée. Il avait dit que nous devrions lui donner un an. Nous avions donné un an au président Kabila. Cette fois ci, c’est la fin. Pas de négociation, Kabila doit partir. Kabila peut rester dans le pays et voir ce que nous ferons pour relancer un meilleur Congo, dont nous aurons besoin demain. You are here:Home
En toute Integralité: New York Times — Interview de l’Ancien Gouverneur Moise Katumbi par Nicholas Kristof
Submitted by editeur on Wed, 2017-09-06 01:48
NICHOLAS KRISTOF : Si vous nous suivez d’ici aux États-Unis, j’espère que vous avez passé un bon week-end. J’espère également que vous avez la chance de voir mon article sur l’ouragan Harvey et le changement climatique. Mais je veux parler aujourd’hui de quelque chose qui est vraiment important mais qui ne fait pas partie de notre conversation.
J’aimerais parler du Congo, l’un des pays les plus importants d’Afrique, l’un des plus riches. Mais il a été hanté par une tragédie depuis vingt ans. Le Comité international de Secours a déclaré que c’était l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale à cause des combats internes et je n’ai pas été en mesure de faire un reportage à ce sujet parce que le président Kabila me refuse le visa et il le refuse pour la plupart des journalistes. Mais la prochaine meilleure chose, j’ai invité ici le gouverneur Katumbi. Il était un gouverneur très populaire au Congo et il est candidat à la présidence. Le problème est que le président Kabila ne veut pas partir et ne veut pas organiser des élections. Et alors, le gouverneur Katumbi est en exil en ce moment.
NICHOLAS KRISTOF: Merci d’être venu.
GOUVERNEUR KATUMBI: Merci, merci beaucoup
NICHOLAS KRISTOF: Et je vous invite de poser des questions au gouverneur Katumbi au sujet du Congo … au sujet de la politique des États-Unis envers le Congo ou la région, sur la corruption … Mais laissez-moi commencer par la situation au Congo.
NICHOLAS KRISTOF: Le président Kabila continue à se cramponner alors qu’il devrait avoir quitté le pouvoir. Les élections ne se concrétisent pas. Oui, je crains que nous allions voir plus de violence dans un pays qui a trop vu déjà? Il y aura de protestation dans les rues par vos partisans et ils seront fauchés par de tir à l’arme à feu.
GOUVERNEUR KATUMBI: Oui, ce qui se passe au Congo, c’est qu’il y a une grande crise totale avec le Président Kabila. Parce qu’aujourd’hui tout est orchestre par le président Kabila pour qu’il n’y ait pas d’élections. C’est pourquoi nous avons décidé, le peuple du Congo, les églises, tout le monde, nous avons décidé que Kabila doit quitter le pouvoir, et laisser quelqu’un d’autres organiser la transition parce qu’il ne peut se convenir à rien et, il ne respecte pas sa parole.
J’ai vu une pomme dans votre bureau, qui est rouge pour le président Kabila, cette pomme est verte [c’est son opinion et non pas les faits qui compte]. Il ne pense qu’a un Congo en trouble (…) où il peut rester et piller le pays.
NICHOLAS KRISTOF: Et, n’est-ce pas un véritable danger avec beaucoup de violence? Avant qu’il y avait eu une protestation contre Kabila, il les a massacrés [pointa le doigt menaçant] et allons-nous vers beaucoup de cela?
GOUVERNEUR KATUMBI: Le massacre pour lui n’est vraiment rien. Ce qui se passe au Kasaï est organisé par le gouvernement, le président Kabila. Ce qu’il y a aujourd’hui à Pueto, c’est lui. Il crée également une instabilité avec nos voisins, neuf pays avoisinant le Congo. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin d’un président comme lui. IL DOIT QUITTER ! IL AURAIT DU RESPECTER LA CONSTITUTION ! Je sais qu’il va venir à l’ONU et prononcer son discours. Il va venir à mentir. Dès le début, il avait dit qu’il allait respecter la constitution, mais il ne l’a jamais respectée. Il avait dit que nous devrions lui donner un an. Nous avions donné un an au président Kabila. Cette fois ci, c’est la fin. Pas de négociation, Kabila doit partir. Kabila peut rester dans le pays et voir ce que nous ferons pour relancer un meilleur Congo, dont nous aurons besoin demain.
NICHOLAS KRISTOF: Président Kabila, si vous nous suivez, lorsque vous arriverez en septembre, je vous invite à venir ici et à vous donner le même temps. Je souhaite obtenir mon visa pour visiter la RDC. D’accord, président Kabila?
NICHOLAS KRISTOF: Dans votre situation, si vous deviez revenir, vous risquez d’être emprisonné ou fusillé?
GOUVERNEUR KATUMBI: Vous voyez, le président Kabila a peur de moi. [La preuve] est tous les rapports avec toutes les fausses accusations qu’il me charge … toutes ces accusations sont fausses. Parce que, même les évêques (de la CENCO), même l’ambassadeur des États-Unis au Congo a déclaré que toutes ces accusations avaient été fabriquées. Pour le président Kabila, il voudrait me voir mourir ou en prison. Et, il ne peut pas faire cela, je reviens, je dois sauver mon pays.
NICHOLAS KRISTOF: Il y a eu beaucoup d’inquiétudes dans ce pays que notre département d’État… Eh bien, que le président Trump voudrait réduire le budget du département d’Etat. Les officiels n’ont pas été nommés au poste supérieur dans le département d’état. La diplomatie est essentiellement beaucoup moins investie que dans le passé. Donc, je suis curieux dans le cas du Congo, est-ce que le Département d’Etat américain a-t-il pesé de son poids? Est-ce que nous faisons pression pour l’organisation des élections libres? Est-ce que nous poussons le président Kabila à démissionner? Quelle est actuellement, la situation avec la diplomatie américaine?
GOUVERNEUR KATUMBI: La diplomatie américaine est très bonne jusque-là. Ils ont beaucoup poussé pour cela [les élections] se produise dans notre pays. Parce que s’il n’y avait pas de démocratie, que le président Trump ne devait pas se présenter en Amérique. Donc, aujourd’hui, il y a quelqu’un, un gouvernement de terreur avec quelqu’un qui terrorise tout le monde et veut continuer à tuer les gens. Donc, je m’adresse au gouvernement américain et à tous les partenaires du président Trump. Le Congo compte quatre-vingts millions de personnes, [mais] avec une personne qui continue à semer la terreur et à tuer les gens tous les jours. Alors jusqu’à maintenant, l’Amérique a soutenu le peuple du Congo. L’Amérique ne soutient pas les individus. L’Amérique appuie le pays. Ils veulent voir le meilleur Congo. Combien d’argent est-il versé à l’ONU, puisque la MONUSCO est au Congo? Le plus grand déploiement armé du monde entier sont les troupes de l’ONU au Congo. Nous avons besoin de beaucoup plus de soutien parce qu’en décembre, il doit partir. Il ne va pas organiser les élections. [Mais] nous allons mettre quelqu’un pour présider la transition. Le peuple Congolais va donc mettre quelqu’un sur le pouvoir. Nous devons arrêter toutes ces tueries et les combats et les vols de toutes les richesses du CONGO.
NICHOLAS KRISTOF: Je suis sûr que certaines personnes nous suivent. Certains Américains et peut-être des Européens et ils pensent … Eh bien, c’est dommage si le Congo n’a pas de démocratie, s’il y a tant des massacres au Congo, nous avons des problèmes chez nous, nous devons nous soucier d’abord de l’ouragan Harvey, et pas nous inquiéter avec ceci ou cela. Et c’est dommage, mais ce n’est pas notre responsabilité. Quelle est la réponse à ces personnes ? Les raisons pour qu’elles se soucient de ce qui se passe au Congo? Pourquoi le Congo importe-t-il au monde?
GOUVERNEUR KATUMBI: les problèmes congolais à un impact sur le monde parce que c’est l’un des plus grands pays, et s’il y a de la stabilité, et des élections au Congo, beaucoup d’investisseurs vont venir et beaucoup d’immigrants illégaux ne viendront plus en Amérique ou l’Europe. Je pense que ce qui est important, c’est un Congo stable. C’est une bonne chose pour l’Afrique, pour un avenir radieux en Afrique. Sans la stabilité du Congo, il n’y a pas d’avenir pour l’Afrique.
NICHOLAS KRISTOF: Et j’ajouterai seulement, que c’est l’une des choses que nous avions apprise, c’est que le chaos et la violence sont contagieux et nous l’avons vu, par exemple au Rwanda par et au Burundi dans les années 1990. Leur chaos et leur violence avaient vraiment infecté le Congo. Et aussi les maladies [contagieuses] en Afrique de l’Ouest. La menace de la santé dans un pays est devenue une menace pour la santé mondiale. Il me semble que nous avons une plus-value en jeu au Congo. Nous y avons également des intérêts.
ZERWI utilise la caméra, ZERWI fait-elle une question au gouverneur Katumbi?
ZERWI: Charlie Vambi a écrit: Je m’inquiète de ceux de l’est du Congo. Il y a tellement de pauvreté et de violence qui affectent ceux qui essaient de survivre là-bas. Comment le président gère la grande diversité du pays?
GOUVERNEUR KATUMBI: Vous voyez si ces choses continuent aujourd’hui, c’est à cause d’un seul homme. J’étais le gouverneur du Katanga. Tous ces problèmes, nous pouvions les terminer en trois mois. Tout terminé. La première chose que je ferai, si je suis président, c’est ramené la paix dans le pays. Ce qui importe, c’est d’avoir la paix. Les gens ont beaucoup souffert. Depuis que Kabila est au pouvoir, plus de trois millions de personnes ont été tuées et nous ne pouvons pas continuer avec lui … c’est comme si un [Boeing] 747 était sans pilote. Il va tuer tout le monde. Aujourd’hui au Congo, il n’y a pas de pilote. L’espoir est que Kabila dégage pour qu’il y ait au moins la paix au Congo.
NICHOLAS KRISTOF: Et vous en êtes sûr, vous allez être le pilote de ce [Boeing] 747 dans un an à partir de maintenant, ou dans 18 mois?
GOUVERNEUR KATUMBI: Oui, je vais me présenter. Vous savez qu’en démocratie ‘il y a beaucoup de surprises. Si je gagne les élections, je pense que je serai un bon capitaine [de la même façon] que j’étais dans la province du Katanga. Une province qui se mourait et elle est devenue la meilleure province. Et j’ai attiré beaucoup d’investisseurs. Plus de 30 milliards de dollars ont été investis. Je vais donc essayer d’appeler tous ces investisseurs à ramener la communauté internationale. Ne pas diriger le pays comme Joseph Kabila fonctionne comme si c’était sa propre boutique avec sa famille. Parce que vous pouvez voir dans tous les rapports que vous lisez dans les journaux. C’est triste ; c’est une honte pour un pays. Je veux faire un meilleur Congo pour que tous viennent voir le changement. C’est pourquoi je veux que le président Kabila reste et voit comment je vais être le capitaine de ce pays et voir les changements.
NICHOLAS KRISTOF: L’un des grands problèmes pour le Congo et nombreux d’autres pays de la région, en Afrique et une grande partie du monde, c’est la corruption. Franchement, les pays occidentaux qui sont actifs dans la région font partie des problèmes. Ils alimentent cette corruption. Je vois le pétrole et le gaz au sud de votre pays en Angola. Quelle est la responsabilité de l’Occident de s’attaquer à ce genre de corruption et que pouvons-nous faire pour essayer de la limiter afin que la richesse de ces pays profitent à la population et non au président ?
GOUVERNEUR KATUMBI: Le problème est l’impunité, comprenez-vous ? Il y a beaucoup d’impunité. A l’époque où j’étais gouverneur, (…) j’avais trouvé un budget de seulement 150 millions de dollars de contribution par an. J’ai fait en un an plus de deux milliards de dollars. Je luttais contre la corruption. Aujourd’hui, il y a de l’inflation au Congo et de l’instabilité. Je regarde quand j’ai démissionné en tant que gouverneur, [c’est alors] que toutes ces instabilités ont commencé parce que je luttais contre la corruption. Que le monde puisse nous aider à juguler l’impunité. Si l’impunité continue, le Congo n’ira nulle part.
NICHOLAS KRISTOF: Une grande partie de l’Afrique est vraiment florissante sur le plan économique, politique. Au Kenya, la Cour suprême vient de renverser les élections, ce qui a été très remarquable. Un certain pouvoir des institutions, le pouvoir des individus, cependant, cette région du Congo, du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda et de l’Angola est en quelque sorte une région peut-être la plus désordonnée du continent. Pourquoi est-ce?
GOUVERNEUR KATUMBI: Je pense que l’Afrique change. Ce qui s’est passé au Kenya avec le tribunal constitutionnel. Personne n’avait cru que quelqu’un puisse faire cela. C’est pourquoi si j’étais élu président, j’apporterais ce changement et pas de paroles en air, mais le changement dans le pays pour apporter une bien meilleure vie. Parce que vous voyez, les Congolais doivent être respectés pour faire la paix avec les voisins [et de ce fait], nous avons besoin d’un leadership plus fort. Aujourd’hui au Congo, il n’y a pas de leadership. C’est comme si aujourd’hui, les gens jouaient au jeu de hasard. Le président Kabila [brouille tout] dans le pays afin qu’on ne sache pas là où il amène le pays. Donc, ce qui est important pour moi, c’est mon pays d’abord avant de regarder mon voisin. Je voudrais faire le meilleur pour le pays. Au moins, y apporter la paix, échanger avec les voisins, négocier avec toute la communauté internationale en transparence.
NICHOLAS KRISTOF: Je tiens à vous remercier d’être venu, je veux parler au président Kabila. Une des raisons pour lesquelles j’ai voulu avoir cette conversation, est-ce que ces jours-ci, une grande partie de la conversation en Amérique est centrée sur la politique du président Trump. Je pense qu’il est facile d’ignorer les choses qui se passent loin. Et je pense que ce sera un moment dangereux au Congo dans les prochains mois, et je veux que vous sachiez, président Kabila que le monde regarde.
Merci beaucoup
Par: PC