Dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 juillet, à quelques heures de l’ouverture du procès en appel dans la rocambolesque affaire d’escroquerie immobilière mettant en cause l’opposant Moïse Katumbi, l’un trois juges devant se prononcer sur ce dossier, a été la cible de tirs par arme à feu. Huit impacts de balle ont été relevés à son domicile.
Le magistrat en question, Jacques Mbuyi, a été admis dans l’un des hôpitaux de Lubumbashi où il se trouve actuellement entre la vie et la mort. Dans la profession, il est reconnu pour sa grande indépendance et pour sa ferme opposition contre toute tentative d’instrumentalisation de la Justice. Il a été remplacé ce matin par un autre juge afin que le tribunal puisse se prononcer sur l’affaire (sans voix dissonnante…) conformément aux règles de procédure en vigueur.
Pour nombre d’observateurs, le message est clair : « voilà ce qui vous arrivera, à vous juges, si vous ne prenez pas la bonne décision, autrement dit, si vous ne condamnez pas Katumbi ». Depuis plusieurs jours, le pouvoir exerce en effet une pression intense pour obtenir la confirmation de la condamnation de Moïse Katumbi, considéré comme l’opposant le plus dangereux au régime de Kinshasa (présence du ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, et du Président Joseph Kabila lui-même à Lubumbashi, manœuvres de l’ANR, etc.).
C’est donc dans ce climat extrêmement tendu, dénué de toute sérénité, que justice sera rendue… ou pas dans ce dossier potentiellement déterminant pour l’avenir politique de la RDC.