LA CHUTE DU PRIX DE COBALT INQUIETE KINSHASA

Les prix du métal bleu disjonctent sur le marché international. De grosses inquiétudes pour la RDC, premier producteur mondial du cobalt dont l’économie dépend essentiellement de l’extraction minière. La dégringolade des prix est due à la faible demande mondiale et à l’ambition de l’Indonésie de produire beaucoup de cobalt. Une mauvaise nouvelle pour la RDC « pays solution ». La tonne de cobalt revient dès ce lundi à 38.500 $ US sur le marché international. Cela aura un effet négatif sur les recettes de l’État congolais.

 

La livre de cobalt est passée de 40 à 17 $ US. Une chute spectaculaire, alors que le besoin en cobalt des véhicules électriques, a augmenté de 63% l’année dernière d’après Cobalt Institute du Royaume-Uni. Mais cette augmentation est liée à la production croissante des véhicules électriques mis sur le marché. En clair, cette augmentation cache la réduction de l’usage du cobalt dans les batteries. L’utilisation du nickel, du phosphate de fer par la Chine et du lithium dans la fabrication des batteries électriques, relègue le cobalt au second plan. Mais la relégation prendra combien de temps ? Est-ce pour toujours ?

L’ingénieur des Mines Léonide Mupepele prédisait le lithium comme un métal de substitution pour la fabrication des véhicules électriques au détriment du cobalt. Il y a un quinquennat, il conseillait l’État congolais de booster la production du lithium de Manono dans la province du Tanganyika. Dommage, nul n’est prophète chez lui. Aujourd’hui, les faits lui donnent raison. Les dirigeants devraient écouter les experts. Les rapports de l’UE et des USA sur les besoins du monde en métaux sont clairs : le lithium sera plus sollicité que le cobalt dans la transition écologique. Nous y sommes.

 

Moins de cobalt dans la fabrication des batteries

L’évolution de la chimie a changé la donne sur l’avenir du métal bleu. Son marché est passé du pic au rabais. Même si les industries automobiles européennes s’appuient encore abondamment sur les batteries à base de cobalt pour leur efficacité, elles s’interrogent sur leur dépendance à la production congolaise et à la Chine où est transformée une grande partie du cobalt brut. Si l’Empire du Milieu donne des insomnies à l’Occident sur le plan économique, on ne peut pas exclure un chantage envers la RDC. Tenez : Le Congo-Kinshasa a révisé son code minier en 2018. La loi minière prévoit sa propre révision cinq ans après. Or, les opérateurs sont toujours hostiles au changement de la législation. Ils peuvent utiliser des astuces et tous les moyens pour bloquer la modification de ce code. Le gouvernement est déjà prévenu. Que personne ne dise demain qu’il ne savait pas. Un homme averti en vaut même “mille”, dit un adage.

 

L’ambition de l’Indonésie va bousculer la RDC

La chute des prix est également dictée par l’arrivée de l’Indonésie sur le marché. Avec ses nombreux projets, l’Indonésie est devenue le deuxième producteur mondial du cobalt grâce à ses mines de nickel. Pour certains experts, le pays produirait 20 % du cobalt mondial d’ici à 2030. Cependant, ces prévisions sont à analyser avec circonspection, car, elles atténuent les craintes éventuelles d’approvisionnement. Elles doivent être confirmées par les faits. L’approvisionnement mondial est encore aujourd’hui assuré par la RDC avec 70%. A la RDC d’anticiper en jouant sur la loi de l’offre et de la demande en vue de tirer les cours vers le haut.

La menace pour la RDC n’est pas en réalité l’ambition de l’Indonésie, mais la substitution du cobalt par le lithium dans la production des batteries. Avec la transition énergétique, l’État a beaucoup parié sur les recettes issues de l’exploitation du cobalt. Si le pays était organisé, cette substitution ne l’inquiéterait pas dans la mesure où le plus grand gisement du lithium du monde se trouve à Manono. La RDC peut toujours et encore occuper la première position. Dommage, ce lithium n’est pas exploité pour bien de raisons. C’est ce qui fait de la RDC un pays à problème et non un « pays solution » comme on le dit dans les discours officiels, déconnectés de la réalité.

Par Gaby Kuba Bekanga/OURAGAN.CD

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