L’“autorité morale” du FCC, l’ex-président Joseph Kabila, n’en démord pas, la présidence du Sénat doit revenir à l’un de ses plus fidèles lieutenants, Alexis Thambwe Mwamba.
Après la présidence de l’Assemblée nationale accordée à Jeanine Mabunda, après la primature concédée à Sylvestre Ilunga, le Sénat devrait donc revenir lui aussi à un membre du PPRD, le parti politique de Joseph Kabila.
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“Trop, c’est trop”, lance au bout du téléphone Modeste Bahati, président du parti AFDC qui, avec ses alliés, peut se targuer d’être la seconde famille politique du FCC “mais en n’ayant jamais été pris en compte pour l’obtention d’un poste significatif. Et selon leurs calculs, le poste de président du Sénat devrait même revenir à un indépendant (Thambwe Mwamba, était candidat indépendant) et la vice-présidence tomber dans les mains d’Evariste Boshab. C’en est trop !”.
Tu m’exclus, je m’exclus
Modeste Bahati, ministre d’État et ministre de l’Économie nationale, n’en démord pas. Il veut être candidat à la présidence du sénat. En réponse à son “entêtement”, l’homme a été exclu du FCC mardi 9 juillet.
La réponse ne s’est pas fait attendre, ce mercredi 10 juillet, Modeste Bahati a réuni les présidents des partis qui composent son regroupement AFDC et alliés. “Tous ensemble, nous avons confirmé l’option prise le 2 juillet dernier et nous maintenons notre candidature pour la présidence du Sénat. Il s’agit d’une question de justice et d’application des textes. Ce texte dit qu’il faut tenir compte du poids politique de chaque parti et de chaque regroupement. Mais visiblement, au FCC, certains ont oublié ce texte”, poursuit Modeste Bahati qui égrène les élus de son regroupement “44 députés nationaux, 70 députés provinciaux, 13 sénateurs, 2 gouverneurs, 7 vice-gouverneurs et différents présidents d’assemblées provinciales. Il a fallu se battre pas à pas pour obtenir ces élus. Et contrairement au PPRD, l’AFDC ne disposait pas du soutien de la Ceni ou de la Cour constitutionnelle. Je peux le dire, ils nous ont piqué des élus. Nous avons donc décidé ce jour de reprendre notre liberté d’action. Nous demeurons dans la majorité mais nous allons former un groupe autonome. Désormais vous aurez, au sein de la majorité, le FCC, Cach et AFDC et alliés”.
Profonde fissure
Le ministre de l’Économie, ancien ministre du Plan, aime les chiffres et repart dans la démonstration du poids respectif des différentes composantes du FCC. “Évidemment, le PPRD est le parti le plus important mais nous sommes juste derrière. Et si vous additionnez au PPRD le poids de ses partis satellitaires, vous n’obtenez qu’un tiers de l’ensemble du FCC. Et malgré ces chiffres, malgré ces évidences, il veut tout s’approprier, cela n’a pas de sens, on ne peut pas accepter cette dictature”.
Pour Modeste Bahati, pas question de quémander. Cette fonction, elle revient à sa formation. “Nous ne quémandons rien. On n’a pas peur. On va participer à cette compétition. L’opinion publique est de notre côté. Bien sûr, ce n’est pas elle qui va voter pour le président du Sénat mais les sénateurs et nous avons bon espoir”.
Depuis plusieurs jours, des caciques du parti se manifestent discrètement pour soutenir la démarche du patron de l’AFDC. Bahati ne dément pas. “Certains nous poussent à poursuivre notre combat. D’autres nous disent qu’au PPRD certains craignent que la montée en flèche de l’AFDC soit le début de leur descente aux enfers. Ce qui est certain, c’est qu’avec le départ de l’AFDC du FCC ; la charpente va s’écrouler”.
L’asymétrie qui régnait en maître au sein de la majorité s’est largement infléchie. Le gouffre qui séparait le FCC de Kabila, du Cach de Tshisekedi-Kamerhe s’est soudainement amoindri.
Quand on interroge Modeste Bahati sur un possible rapprochement entre l’AFDC et Cach, le ministre d’État se contente d’affirmer : “on est en politique…” Quand on évoque sa proximité géographique avec Kamerhe (les deux hommes sont du Sud-Kivu), il ne ferme aucune porte. “De toute façon, de facto, en quittant le FCC, on renforce Cach. UDPS et Cach, ce sont 47 députés, si nous devions envisager une association, tout serait à revoir, y compris certains équilibres dans la composition du futur gouvernement. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous avons repris notre liberté par rapport au FCC, nous nous sentons véritablement libérés et d’autres vont suivre… Vous verrez”, conclut, prophétique, un Modeste Bahati prêt à en découdre
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